Restaurant scolaire pour l'école Lasalle Passy Buzenval

Fevrier 2021

Le cabinet Cazenove architecte a concourru pour la création du nouveau restaurant scolaire de l'école Lasalle Passy Buzenval, à Rueil Malmaison.
Retour sur un concours hivernal, effectuée pendant les congés de Noël. 

Etat des lieux 

L’ensemble scolaire est composé de nombreux bâtiments de typologies variées, témoins de l’histoire de l’institution et des agrandissements successifs. L’établissement La Salle – Passy Buzenval, s’inscrit dans un site dont la topographie est mouvementée.

Le site d’implantation du projet est l’une des rares zones vertes libres présentes sur cette séquence d’entrée sur le site. Il est composé d’une grande zone engazonnée en pente vers le nord-est où l’on trouve un sous-bois composé de magnifiques arbres aux essences et dimensions emblématiques. Sur le côté opposé, il est bordé par le bâtiment B2 et l’Atrium dont les gabarits imposants structurent le paysage transformant ainsi cette grande zone enherbée en place.

Analyse et enjeux 

La manière d’inscrire le projet dans son environnement devra être à la hauteur de ce site de premier plan dans l’établissement. Il devra être en cohérence avec l’environnement bâti imposant et mettre en valeur une végétation remarquable.

La dimension très importante du site, génère de nombreux déplacements de la part des usagers. De même la grande amplitude des niveaux scolaires accueillis et le nombre d’élèves génère des déplacements de « masse », qu’il faut répartir de manière équilibrée, tout en réduisant les déplacements.

Le fonctionnement d’une cuisine de cette capacité ne pourra être optimal que si la majeure partie des actions est regroupée sur un seul et même niveau. Au vu de la dimension programmatique du projet et compte-tenu de la superficie de la zone dédiée, l’implantation du projet devra être étudiée pour proposer un outil dont l’exploitation sera optimale.

Par sa position et son usage, ce bâtiment se distinguera par son caractère unique et commun à tous les utilisateurs du site. Il devra proposer des espaces qualitatifs, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Son architecture et ses volumes en feront un haut lieu de vie et seront l’emblème de l’entrée de La Salle Passy Buzenval dans cette nouvelle décennie.

Organisation générale du projet 

Le projet est bâti autour de trois grands axes de développement :

1. Un bâtiment qui se distingue tout en s’intégrant

Notre premier axe de réflexion s’appuie sur l’idée que notre projet devra veiller à conserver les caractéristiques fortes du site qui l’entoure. Il devra mettre en en valeur le volume des bâtiments B2 et de l’Atrium, sans chercher à rivaliser avec eux.

Un bâtiment implanté le long de B2 aura pour effet de transformer la voie d’accès en une véritable rue de ville, bordée de part et d’autre de constructions massives, qui plus est, plongée dans l’ombre de la construction existante.

Le projet devra également mettre en scène ce grand espace cette grande étendue de verdure en la modelant et en la travaillant afin de pouvoir y glisser les fonctionnalités du programme. La déclivité du terrain sera exploitée dans cet objectif. 

2. La préservation et mise en valeur du végétal

Un bâtiment implanté sur un emplacement aussi qualitatif se doit de restituer ce végétal qu’il consomme, mais également de préserver et valoriser les attributs existants. Le second axe de notre réflexion s’est donc porté sur la restitution d’un espace planté à disposition des usagers et la mise en valeur du sous-bois. Le bâtiment devra d’une part permettre de profiter d’espaces libres d’usages à proximité directs des bâtiments existants mais proposera également un cadrage et une mise en scène de la végétation remarquable de ce site.

3. La connexion du nouvel édifice à son environnement

La troisième réflexion découle des deux premières. En cherchant à raccrocher la nouvelle construction à son environnement bâti et végétal, le travail sur les transitions s’impose. Les volumes et aménagements proposeront des liaisons sensibles qui viseront à connecter les bâtiments entre eux ainsi qu’au sous-bois. Les connections majeures à réaliser seront celles avec l’atrium, point central du campus et l’accueil situé dans le bâtiment B2, point de réception du public et image de l’établissement. La disposition des espaces sera pensée pour répondre aux besoins de flux clairs et naturels.

Image du concours Restaurant scolaire Passy Buzenval

Mise en place du programme et organisation des espaces

1. L’implantation au sol

Notre souhait initial de préserver et magnifier les arbres formant le sous-bois ainsi que les magnifiques pins bleus situés à proximité de l’entrée nous a amené à reculer le bâtiment vis-à-vis de ces plantations, afin de les préserver. Le programme étant relativement imposant en terme de surfaces au sol, au vu de la zone mise à disposition, l’implantation de la totalité des espaces sur un même niveau s’avère donc délicate.

2. L’implantation verticale

Le terrain caractérisé par deux pentes, l’une ascendante parallèlement à la route, l’autre venant du sous-bois pour rejoindre la première au point le plus haut : l’Atrium.

Notre volonté d’inscrire notre bâtiment dans le site (sans confrontation avec les autres bâtiments très rapprochés) et de restituer la surface de végétal consommé nous ont amené à masquer une partie de notre bâtiment dans le terrain, par un travail de terrassement accentuant les déclivités existantes.

Ainsi notre projet s’inscrit dans un rez-de-jardin intégré dans le terrain, proposant un espace accessible, un parvis, par sa couverture qui forme un espace en continuité de l’Atrium situé au point le plus haut du terrain. Ce parvis est aménagé en jouant sur le nivellement de la voirie pour permettre une connexion tout au long de celle-ci.

De cette manière la volumétrie du projet, au droit des bâtiments existants est minimisée, proposant ainsi une transition douce, sans frontalité. Deux constructions légères et de faible emprise viendront animer ce parvis, sans faire concurrence aux constructions avoisinantes.

3. L’organisation des espaces

Pour minimiser les nuisances sonores et visuelles, la zone de livraisons a été positionnée à la pointe nord du site. Cette position permet de déployer une rampe d’accès le long de la voirie existante. Cette rampe permet l’accès de plain-pied à la cuisine, qui est donc enterré.

Les espaces techniques et de stockage de cette dernière se déploient tout le long de la voirie, en enterré. Perpendiculairement à la voirie, et se tournant vers le sous-bois, les espaces de productions sont placés en position centrale, entre les deux réfectoires des élèves. Cette position permet une mutualisation et une rationalisation des déplacements.

De part et d’autre, les deux réfectoires se tournent vers la végétation, pour y amener une ambiance propre à ce moment de détente qu’est le repas.

Ils seront prolongés à l’extérieur par des emménagements permettant aux élèves de déjeuner en extérieur lors des beaux jours.

Deux constructions, la cafétéria et la salle à manger des adultes, ont été positionnées en RdC. Cette implantation est motivée d’une part par le manque de place au sol mais également par les usages auxquels ces espaces sont destinés.

Il nous semblait capital de positionner la cafétéria en connexion directe avec l’atrium, et ce via le parvis créé. La salle à manger des professeurs est quant à elle alimentée verticalement par la cuisine, disposition possible au vu du nombre de couverts servis sans pour autant porter atteinte à la fonctionnalité de l’ensemble.

1. La gestion des flux

Les flux ont été imaginés de manière à distinguer les différents espaces de manière claire.

La liaison entre l’atrium et la cafétéria par ce nouveau parvis crée un véritable espace attractif pour les lycéens. C’est donc naturellement à cet endroit que l’accès au restaurant du lycée a été positionné. Celui-ci se trouve en résonnance de l’atrium et le mouvement de descente en provenance des étages dans l’atrium se poursuit naturellement par la descente dans le réfectoire. Le cheminement de retour des lycéens peut se faire à la manière d’une promenade à travers le sous-bois aménagé ou bien de manière plus directe par un escalier permettant également d’accéder à la cafétéria. Un ascenseur situé au droit de l’escalier d’accès permet l’accès aux PMR. Il sert également à la connexion entre la cuisine et la cafétéria en amont et aval du service. L’accès à la salle à manger des professeurs, située en RdC, se fait de manière douce, en connexion directe avec l’accès au bâtiment B2, sans dénivelé majeur à franchir. La connexion avec la cuisine est faite par un monte-plat accompagné et un escalier de service.

L’accès au réfectoire du collège est disposé à l’opposé de celui des lycéens. Il est composé d’une grande rampe douce, formant à la fois zone d’attente couverte et accès PMR. Divisée en trois travées distinctes elle permet la séparation des tranches d’âge souhaitée.
Le retour se fait par le péristyle puis la mise en place d’un cheminement longeant le parking. Cette connexion avec le parking est traitée avec soin car elle forme le cheminement utilisé par les visiteurs lors des différents évènements et autres locations.

Parti architectural

Volumétrie générale du projet

Le volume du projet répond dans la volonté globale de conserver la mise en valeur des bâtiments existants sans les concurrencer et à conserver la présence du végétal qui caractérise cet espace.

Ceci est rendu possible par l’enfouissement de la cuisine, (qui demande peu de hauteur sous plafond), couronnée par le nouveau parvis le long de la rue. Cette bande permet d’éloigner les volumes des pièces de réception que sont les réfectoires afin de pouvoir leur donner de l’ampleur et de les tourner vers le sous-bois.
L’absence de volume important à proximité directe des bâtiments existants permet de créer une réelle respiration tout au long de cheminement le long de la rue, comme c’est le cas actuellement.

Ces volumes de restaurants, disposant de grande hauteur, offrent des espaces de réception qualitatif et polyvalents. Chacun est couvert par une toiture plantée, en pente ascendante depuis le parvis vers amenant le regard jusque vers la cime des arbres.

Le bâtiment propose ainsi deux façades et deux usages :

- une 1 façade « parvis », qui, avec la cafétéria est un lieu d’animation, de passage et de rencontres tourné vers l’Atrium

- 1 façade « jardin », qui s’ouvre le sous-bois, pour changer d’univers le temps d’un déjeuner

La disposition de ces volumes et les usages qui leurs sont liés nous permet de proposer non pas un bâtiment enterré mais plutôt une esplanade aménagée. Celle-ci, sera aménagée en connexion constante avec la voirie. Ce traitement permet une mise en valeur de cette 5° façade qu’est la toiture, particulièrement important dans cet environnement qui dispose de nombreuses vues plongeantes sur le nouveau bâtiment.

Choix structurel et matériaux

Le principe de construction du bâti est en parfaite cohérence avec les usages mais également avec les traitements de toiture. Le bâtiment est conçu de manière claire suivant deux typologies d’espaces :

- Les zones de cuisine sont enterrées. Elles sont bâties en béton. Le parvis minéral et structuré qui les couvrir formant ainsi toiture fait écho à la dimension technique et au système structure de espaces situés dessous.

- Les zones de réfectoires sortent de terre et proposent des volumes généreux. Des charpentes bois en lamellé-collé soulèvent des toitures plantées et agrémentées qui trahissent la présence des locaux nobles qu’elles abritent.

1. Traitement des espaces en rez-de-jardin

Les normes sanitaires et l’enfouissement de la cuisine ont naturellement amené le béton comme choix constructif le plus cohérent. Le principe structurel en voile béton est en parfaite cohérence avec la disposition des espaces de cuisine et leurs dimensions. Cette structure béton fonctionne comme un véritable socle sur lequel sont accrochées les charpentes bois des espaces de restauration en rez-de-jardin.

Le choix d’une charpente en bois lamellé-collé permet d’atteindre des portées significatives offrant ainsi un plan le plus libre possible et donc facilement modulable. Ce matériau permet également de créer une ambiance chaleureuse, en harmonie avec l’environnement végétal. Les dimensions importantes de ces structures bois leur confèreront une image symbolique de racines puissantes soulevant ces plateaux végétalisés que forment les toitures, en écho aux grands platanes et autres résineux bordant le bâtiment.

De grands ensembles vitrés en périphérie de ces espaces permettront de jouir pleinement de la végétation préservée et ainsi mise en scène de manière peu habituelle, depuis le niveau du sol.

2. Aménagement du parvis et des volumes en rez-de-chaussée

En RdC, la salle à manger des professeurs et la cafétéria seront mises en valeur. Ces deux constructions émergentes seront également traitées en structure bois visible sur les façades très vitrées, en cohérence avec les charpentes des grands réfectoires. Ce langage assumé de « pavillon dans un parc », entouré de ces grandes pentes plantées, se veut à la fois discret et qualitatif.

Ces grandes pentes formées par les toitures des restaurants sont largement plantées et aménagées avec soin, de manière à les rendre praticables par les élèves. Ceux-ci peuvent trouver en ces espaces, des lieux de détente, de déjeuner et de partage, sur ces deux « amphithéâtres » plantés.

Enfin, le revêtement du sol parvis sera continu depuis l’atrium jusqu’à l’entrée de la salle à manger des professeurs. Par cette continuité de traitement de sols, la connexion visuelle et matérielle entre les deux bâtiments pourra être ainsi faite et l’ensemble formera un grand parvis, indispensable point de rencontre d’un établissement scolaire, dont la cafétéria sera le véritable belvédère. Ce parvis se prolonge le long de la voirie et son aménagement en lien avec la déclivité de la voirie permet d’y déployer des usages mixtes (terrasses, espaces de détente etc.)

Gestion des eaux pluviales

Le principe de toiture plantée en pente permettra l’infiltration d’une partie des eaux pluviales grâce aux 30 cm de terre prévus. Pour respecter la règlementation sur les limitations de débit de rejet, une cuve de stockage sera également prévue sous la zone de livraisons. Ainsi l’eau récoltée des ruissellements le long de ces pentes sera récupérée et utilisée pour l’arrosage automatique de ces toitures.

Dans une démarche écoresponsable, notre projet prévoit également la réutilisation des eaux pluviales dans les chasses d’eau des sanitaires. En effet, la surface de toiture générée par le programme et les estimations de volume d’EP, rendent ce principe de réutilisation s’avère intéressant, notamment en considération du volume d’eau potable utilisé par la cuisine.

Conclusion

Par ce projet, nous faisons le choix de vous proposer bien plus qu’un bâtiment répondant à votre programme. En effet, par la création de cette véritable esplanade de campus nous vous créons un espace d’usage majeur à l’échelle de votre site, en plus du pôle tout aussi important qu’est la restauration. Par la combinaison de ces deux fonctions qui viendront mettre en valeur le point névralgique qu’est l’atrium, auquel ils font écho, nous vous proposons de valoriser ce centre névralgique de votre site.

Plus qu’un projet de construction, notre proposition se veut également paysagère, dimension inhérente au site emblématique de votre établissement et dont la qualité méritée d’être préservée. Le parti architectural que nous avons pris nous permet d’inscrire ce programme volumineux dans le site tout en conservant cette respiration paysagère indispensable.

Au-delà d’une construction, vous pourrez offrir des espaces qualitatifs, aussi bien extérieurs qu’intérieurs, mettant constamment en scène la végétation, que les élèves, tout comme le corps enseignant, pourront s’approprier quotidiennement.

Equipe MOE : Cazenove Architectes (Architecte Mandataire), EPBV (Economiste), Ascaudit (BET Fluide) KUBE (BET structure) Les Jardins de Gally (BET paysagiste) Diakustic (BET Acoustique)

article rédigé par Xavier Royal