Cazenove architectes candidat à l'équerre d'Argent

Septembre 2020

Candidat à l'equerre d'argent 2020 pour la réhabilitation et surélévation de l'école Saint Laurent, Paris 10ème, non retenues. Nous vous présentons notre projet. 

cazenove architectes ecole st laurent restructuration surelevation ludique terre cuite blanche coursive escalier paris 10 001

C’est à l’abri des regards de la rue, en cœur d’îlots, dans le 10ème arrondissement et à proximité des rails de la gare du Nord, que l’on découvre l’école Saint Laurent : trois bâtiments autour d’une cour en fond de parcelle qui accueille chaque jour 230 enfants et 20 encadrants et professeurs.

On vous invite à franchir le seuil de ce lieu, uniquement accessible de la rue La Fayette par un long couloir de 40 mètres et 3 mètres de large qui représentera la première difficulté de la phase chantier.

Lors de notre première visite, nous découvrons un ensemble bâti vieillissant et éclectique. Le plus ancien bâtiment (bâtiment A) date de 1920. Construit en pierres meulières et briques, il se développe sur deux niveaux et est surmonté par des lucarnes. Ce bâtiment est un élément majeur du décor du site.

Le bâtiment B, adossé au pignon voisin se développe sur le plus long linéaire de façade de l’école. Il s’élève sur 3 niveaux, et présente une architecture sobre et robuste en pierre enduite, avec des encadrements de baies en brique, dont les dimensions généreuses sont typiques de bâtiment scolaires parisiens des années 1880-1930.

Le troisième édifice, principal sujet de notre projet, est le plus récent, et date de 1989. Il ne présente pas de grand intérêt architectural à la fois par sa composition et par les matériaux employés. 

Notre intervention 

L’ensemble construit manque d’homogénéité fonctionnelle, et présente de nombreuses problématiques d’accessibilité. Notre intervention en plusieurs phases, a visé à : 

-    Retravailler l’accès au site 

-    Optimiser les circulations verticales en limitant les paliers 

-    Optimiser l’espace de restauration et de cuisine

-    Agrandir les classes et les rendre modulables dans le temps

-    Désenclaver la cour en créant de nouvelles aérations

-    Changer la perception de l’école, son image, et la rendre plus ludique pour les enfants. 

Accueillant une classe par niveau de la petite section au CM2, l’école se dote grâce au projet d’une « classe extraordinaire » intitulé classe du Rocher, situé dans la surélévation du projet. Cette classe permet la formation de groupes d’adaptation fermé. 

Notre choix de présenter ce projet à l’équerre d’argent se porte sur plusieurs critères : 

Situé dans un contexte urbain dense et enclavé, la conception a dû prendre en compte ces spécificités pour développer un projet qui créé une impression de profondeur et d’ouverture spatiale. En dégageant une percée visuelle de fond de parcelle, en développant une circulation verticale généreuse et sculpturale, et en créant des coursives de circulation large d’1m50, notre projet créé une nouvelle spatialité importante si prisée au cœur de Paris, sans réduire la cour centrale, le poumon de l’école.

Le chantier a été mené en un temps record, en 3 mois, dépollution comprise. L’entrepreneur a orchestré la démolition, la rénovation, la création de deux noyaux de circulation, la dépose et création d’une charpente bois revêtue de tuile en terre cuite vernissées, la modification et l’agrandissement des baies ainsi que le parement de la façade en briques.

Notre projet a par ailleurs été exemplaire en termes d’économie de moyens et de matières. Nous avons conservé la structure existante, la consolidant grâce à des matériaux pereins. Le chantier a pu donc être à 80% un chantier sec engendrant peu de gravats. 

En développant notre concept initié l’année précédente sur l’univers marin, l’idée d’un rocher a émergé de nos échanges, nous conduisant à rechercher les moyens techniques et esthétiques de déconstruire le bâtiment : la vêture composée de briques mats, émaillées, de tuiles vernissées, et des éclats irisés intégrés dans le calepinage créant un jeu visuel de facette ; le joint creux diagonal brisant la verticalité, jusqu’à la forme de la toiture peu conventionnelle, concourent à créer un projet sculptural, taillé et immuable. 

Malgré ce travail plastique, notre dessin s’est attaché à créer un écho, un lien avec l’existant au travers d’abord des dimensions des lucarnes, de la couleur cuivrée de l’aluminium laqué des encadrements de baies, et du choix du matériaux principale : la brique.  

La recherche esthétique qui a été menée pourcréer un bâtiment ludique aux yeux des enfants dont l’imaginaire sans l’imaginaire sans limites leurs permettent aujourd’hui d’y voir le rocher dont il tire son nom ; la maison de poupée que l’on devine se dessiner, la maison en pain d’épice ou le château de glace… Notre architecture se veut en cohésion avec l’existant grâce à sa matérialité et ses formes, sobre mais éloquente, inspiratrice en histoire conté par les enfants dans leurs jeux quotidiens.

A l’usage, enfants comme professeurs ayant tout juste pris possession des lieux nous transmettent leur joie de cette nouvelle page écrite pour leur école. 

Les études de ce projet se distinguent par ailleurs pour leur caractère collaboratif avec la maitrise d’ouvrage. Notre agence ayant tout d’abord été missionné pour établir un plan pluriannuel de développement, nous avons pu proposer différents scenarii de projection en relation avec l’enveloppe budgétaire restreinte de la maitrise d’ouvrage. Nous avons ensuite travaillé avec l’équipe éducative lors d’une première phase sur l’importance de la recherche architecturale pour créer un environnement propice à l’imaginaire de l’enfance, nous amenant à développer cet univers marin dans le cadre de la réfection du réfectoire en 2019, pour ensuite le décliner autour de la restructuration, amenant de nombreuses discussions constructives pour définir l’esthétique du projet. Contrastant avec la rapidité de sa réalisation, le temps de conception du projet a permis d’en murir l’aspect technique, fonctionnel financier et esthétique.